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La blockchain, comment ça marche ? Quels sont ses usages en entreprise ?

Publié le 30 août 2022
La blockchain est une chaine de blocs de données

La technologie blockchain ne se résume pas aux bitcoins et aux cryptomonnaies, loin de là ! Son usage gagne du terrain dans de nombreux secteurs, que ce soit pour sécuriser des transactions, valider des contrats, garantir la propriété d’un actif ou la traçabilité d’une opération. Spécialiste de la blockchain et formateur ORSYS, Tarek Kamoun* vous en dévoile les rouages et le potentiel.

La technologie blockchain a trop souvent été associée, à tort, aux montagnes russes du marché des cryptomonnaies qui font encore, à l’heure actuelle, la une des médias. Par ailleurs, aujourd’hui tout le monde a entendu parler au moins une fois de NFT, de Web3 et de métavers. Autant de concepts récents derrière lesquels se cache la même technologie : la blockchain.

Conséquence d’une telle cacophonie médiatique : les décideurs métiers et IT n’y voient pas très clair au sujet de cette technologie et encore moins de son potentiel de transformation dans leur secteur. Pour y remédier, il est nécessaire de comprendre ses origines et fondamentaux, son évolution, et enfin se poser les bonnes questions : qu’est-ce que la blockchain exactement ? Quels sont ses usages professionnels ? Est-ce utile pour mon entreprise ?

La blockchain, comment ça marche ?

Tout d’abord, définissons simplement ce qu’est la blockchain. La blockchain est une base de données décentralisée qui permet de stocker et de transmettre des informations de manière transparente et sécurisée. Les informations (transactions, titres de propriété, contrats…) sont contenues dans des blocs de données protégées par des cryptages qui empêchent de pouvoir les modifier une fois qu’ils ont été enregistrés dans la base.

La blockchain, créatrice de confiance

Actuellement, pour stocker et échanger de l’information qui a de la valeur, on passe par des intermédiaires en qui on place notre confiance : des personnes, des entreprises, des banques, des gouvernements… Mais passer par ces intermédiaires n’évite pas les erreurs, les lourdeurs administratives, les frais supplémentaires, les éventuels conflits d’intérêts, voire dans le pire des cas de la corruption. Sans compter que les décisions prises par ces intermédiaires ne sont pas toujours dans notre intérêt.

C’est là que la technologie blockchain intervient. Elle crée de la confiance numérique entre les différentes parties pour qu’elles puissent stocker et s’échanger de l’information qui a de la valeur de façon sécurisée et sans intermédiaires.

Comment fonctionne cette technologie ?

Pour le comprendre, il faut passer en revue ses caractéristiques essentielles :

  • La blockchain est une technologie décentralisée et transparente

Il faut voir la blockchain comme un grand registre d’information (ou une grande base de données) partagé par des membres d’un même réseau. Ces derniers possèdent tous une même copie des informations et peuvent tous lire, écrire et approuver les écritures.

On est donc à l’opposé du modèle centralisé traditionnel du web où des acteurs gèrent des plateformes selon un modèle client-serveur. Désormais, n’importe qui dans le monde possédant un serveur (ou ordinateur) peut rejoindre le réseau pour contribuer à sa décentralisation.

Différence entre une architecture client-serveur et une architecture décentralisée comme la blockchain
  • La blockchain est une technologie sécurisée et immuable

Chaque membre du réseau peut émettre à tout moment une demande de modification du registre (appelée transaction) qui est signée numériquement (par le membre lui-même grâce à sa clé cryptographique publique) et horodatée. Par la suite les transactions approuvées sont regroupées dans des blocs eux-mêmes horodatés et enchaînés numériquement les uns les autres par ordre chronologique (d’où le nom de blockchain…). La blockchain est donc infalsifiable et inaltérable, ce qui rend possible la consultation de la totalité des transactions intervenues dans la blockchain depuis sa création.

Le fonctionnement d'une transaction sur la blockchain

Les avantages et inconvénients de la blockchain
 

L’utilisation de la blockchain comporte de nombreux avantages :

  • Sécurité renforcée des données : une fois qu’une information est inscrite sur une blockchain, celle-ci devient en pratique infalsifiable.
  • Traçabilité et transparence : la blockchain crée une trace d’audit complète depuis sa création et consultable par tous.
  • Gains de productivité et d’efficacité : la blockchain supprime ou réduit le besoin d’intermédiaires qui étaient en charge des échanges d’information.

Mais comme toute technologie, elle présente également certains inconvénients :

  • Complexité et manque de compétences : la technologie demeure complexe et récente. Conséquences : les compétences sont encore rares et les applications basées sur la blockchain sont coûteuses à développer et à maintenir.
  • Manque de performance : il est assez aisé de comprendre qu’une technologie décentralisée peut difficilement rivaliser avec une technologie centralisée en termes de nombre de transactions par seconde, ce qui peut compromettre certaines applications ayant des besoins gourmands.
  • Expérience utilisateur complexe : la cryptographie asymétrique qui permet à un membre du réseau de signer ses transactions apporte une sécurité accrue au réseau, mais en contrepartie, les utilisateurs qui perdent leurs clés privées perdent l’accès à leur compte utilisateur sur la blockchain.

Les évolutions de la blockchain

La blockchain est par essence ouverte à tous : n’importe qui peut rejoindre le réseau et contribuer. On parle alors de blockchain publique. Mais au fil des années est apparu le concept de blockchains privées ou permissionnées. À la différence des blockchains publiques, elles nécessitent des permissions pour rejoindre le réseau et contribuer (lire ou écrire).

Par ailleurs, au cours de la dernière décennie, cette machine à créer de la confiance s’est dotée de deux capacités qui ont fait exploser ses cas d’usages :

  • Pouvoir créer des cryptoactifs (appelés aussi jetons ou token). Ce sont soit des représentations numériques d’actifs du monde réel (ex : un ticket, un point de fidélité, un titre de propriété…), soit de nouvelles créations d’actifs numériques comme une cryptomonnaie ou un NFT (non-fungible token, jeton non fongible), un objet unique qui n’est pas interchangeable, comme une œuvre d’art numérique (photographie, peinture…).
  • Pouvoir créer des smart contracts. Ce sont des contrats dont l’exécution se fait automatiquement selon les conditions définies au préalable et inscrites dans une blockchain. Ces cryptoactifs suivent des logiques conditionnelles du type « si telle condition est vérifiée, alors tel échange de cryptoactif s’exécute ».

Il faut donc désormais voir la blockchain comme une technologie permettant de facilement créer tout type de cryptoactifs.

Ces cryptoactifs peuvent être échangés par les utilisateurs à travers des portefeuilles numériques (appelés wallets) et être manipulés par des smart contracts.

Ils héritent bien évidemment des caractéristiques essentielles de la blockchain (décentralisation/partage, transparence, immuabilité).

La blockchain, quelles applications en entreprise ?

Une fois passée l’explication de cette technologie, on comprend qu’elle dépasse le cas d’usage ultra-médiatisé des cryptomonnaies et que son potentiel pour les entreprises est bel est bien là. On peut classer ses applications professionnelles en trois grandes familles :

Garantir l’authenticité de l’information

Toute industrie ou secteur ayant besoin de prouver l’authenticité et la propriété d’information peut tirer avantage de l’immuabilité de la blockchain qui crée un enregistrement indélébile. On peut citer des exemples pour gérer l’authenticité des diplômes tel que BCdiploma en France ou encore des initiatives blockchain engagées par certains pays rencontrant des problèmes de fraude aux titres de propriété foncière.

Améliorer la traçabilité et l’efficience opérationnelle

Toute industrie ou secteur ayant besoin d’assurer une meilleure traçabilité de ses actifs. Cela concerne les industries de fabrication, les industries du transport et de supply chain. La blockchain permet de suivre à quelle fréquence et par combien de parties un actif est modifié ou change de mains. Cela permet également d’éviter des conflits liés à la réconciliation d’informations divergentes entre les différentes parties intervenant sur un même actif.

On peut citer des exemples de grands acteurs de la distribution alimentaire comme Carrefour qui donnent accès à ses consommateurs à l’ensemble de la chaîne de production des produits en rayon, à travers un simple QR code adossé sur plusieurs produits (poulets, œufs…). Ou encore des leaders du luxe comme LVMH, Prada et Cartier qui se sont unis pour créer une plateforme blockchain destinée à permettre une meilleure traçabilité de leurs produits et donner au client, grâce à un certificat numérique, un accès direct à l’historique du produit acheté – de sa conception à sa distribution – et à ses certificats d’authenticité.

La création de nouveaux marchés basés sur des cryptoactifs (tokens)

Toute industrie ou secteur ayant besoin de redynamiser un écosystème d’échange de valeur décentralisé ou d’en créer un nouveau peut tirer avantage des capacités digitales des cryptoactifs et des smart contracts :

  • Créer de nouveaux marchés basés sur des actifs numériques formés à partir d’actifs réels. On peut citer l’exemple de RealT qui permet d’acheter des jetons numériques (tokens) représentant des parts de biens immobiliers, percevoir les revenus du loyer et voter les décisions relatives au bien. Ou encore l’exemple de la Société Générale qui a émis des instruments financiers et des titres de créance sous forme de jetons numériques sur la blockchain pour améliorer leur liquidité. Et, bien évidemment, vous ne pouvez pas être passé à côté du phénomène des  NFT, ces certificats de propriété numérique d’un contenu numérique (image, musique, vidéo…) et qui sont en train de bouleverser le monde de l’art numérique.
  • Supprimer les intermédiaires via des nouvelles plateformes et des économies décentralisées. Par exemple, des services financiers décentralisés tels que le crédit ou l’assurance, des « Airbnb-like » décentralisés pour les logements, de la location de voitures décentralisées, des places de marché de biens et services… plus transparentes, équitables et démocratiques.

Est-ce utile pour mon entreprise ?

Reste que dans les faits, peu de projets blockchain voient concrètement le jour dans les entreprises. Il est nécessaire d’éveiller les décideurs au potentiel de la blockchain afin de ne pas rater ce virage technologique. Voici donc trois questions fondamentales à se poser pour savoir s’il faut considérer la blockchain dans votre environnement. Si vous répondez oui à l’une, vous savez ce qu’il vous reste à faire :

  1. Pour votre entreprise, est-ce que garantir l’immuabilité d’une donnée a de la valeur ?
  2. Votre entreprise fait-elle face à une problématique de réconciliation des données entraînant des frictions entre plusieurs parties prenantes ?
  3. La valeur n’étant pas seulement monétaire, existe-t-il un réseau d’échange de valeur à créer, à sécuriser ou à fluidifier (par ex. apporter de la liquidité) entre plusieurs parties prenantes ?

Enfin, n’oubliez pas que comme toute technologie innovante, la blockchain permet de communiquer sur le potentiel innovant d’une entreprise : avoir un projet blockchain dans ses murs, cela fait innovant et cela permet de découvrir la technologie, de se l’approprier et de préparer une utilisation plus large.

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Composée de journalistes spécialisés en IT, management et développement personnel, la rédaction d’ORSYS Le mag […]

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